Monts d'Or et autres lyonnaiseries

En ce début de printemps, direction Lyon, sa campagne et les Monts d'Or, ce bastion de verdure d'où ruissellent les ruines de l'empire romain englouti, un écrin de forêt préservé, un air de Vosges en surplomb de la Saône

Sous la tente
5 min ⋅ 26/03/2024

Cette semaine je la passai à Lyon, chez Camille et Matthieu. Je m’étais fait tout un scénario pour ce bivouac lyonnais, dans leur jardin, un scénario où Céleste leur fille de 2 ans aurait passé sa petite tête blonde au seuil de la tente, elle aurait regardé les rayons du soleil mourant teinter d’un halo bleuté l’intérieur de celle-ci, je lui aurais coupé une rondelle de saucisson, on aurait touillé une soupe de potiron dans le réchaud, je lui en aurais servi une louche dans un de mes petits gobelets de rando, et puis elle m’aurait dit bonne nuit avec son petit rire espiègle, avant d’aller se coucher avec sa Maman. Matthieu serait rentré sous la tente peu après, pour une petite demi-heure, j’aurais bien réussi à l’amadouer avec une, deux, trois bières, et le moment aurait été plaisant, on aurait parlé de nos chômages respectifs, “c’est bien sympa ça permet de te suivre dans tes âneries” jusqu’à ce qu’il se lève d’un coup sec, un peu nerveux, “t’es bien mignon mon Tesson avec tes conneries mais là, je vais te laisser, il fait nuit, il pèle, je commence à me faire un lumbago et j’ai une femme enceinte de 8 mois qui m’attend au lit, par contre, hésite pas, fais comme chez toi, si t’as envie de te faire couler un café, dorer une andouillette pendant la nuit, c’est pour moi, ça restera entre nous”, et il m’aurait abandonné à mon lit de gazon fraîchement tondu, une odeur d’herbe retournée, dans ce bout de jardin suspendu au-dessus de la Saône, vue Lyon sud, une nuit calme et duveteuse, un lever de soleil, au-loin, par-delà des Alpes sanguines, colorées de rosée.

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Sous la tente

Par Louis Cassagnes

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