Il y a quelques semaines, j’étais venu visiter Fontainebleau. Les fameuses 25 bosses. Première fois que j’arpentais cette forêt, cet agglomérat de roches et de landes, de sable et d’humus. Il y avait comme un goût de revenez-y. J’ai proposé à mon copain Louis d’aller y passer une tête ce weekend. Pas pour y bivouaquer cette fois, le sujet fait trop débat chez les initiés depuis qu’il a été avancé que cette vieille forêt méritait bien de respirer une fois la nuit tombée, se régénérer, se ressourcer, et que les beatniks pouvaient bien rentrer par le RER après avoir chatouillé les rochers de leurs doigts de pied toute la journée, dormir dans leur cagibi parisien et revenir au petit matin du lendemain. On s’est donc donné rendez-vous nous aussi à la descente du train, chaussons d’escalade en bandoulière, tapis sur le dos, magnésite au frigo.
A ceux qui ne connaissent pas, pratiquer l’escalade à Fontainebleau est un exercice d’humilité que je recommande vivement. Des dizaines de cailloux marqués de simples traits de couleur, de lettres, a, b, b, a, un b.a.-ba qui n’en a que le nom, de simples voies de quelques mètres de hauteur à la surface tant et tant polie que rien n’affleure pour prendre appui. On se trimbale le tapis de bloc en bloc, on observe la roche quelques instants, on se lance, on échoue, même pas quelques centimètres d’élévation pour espérer.
Alors que Laglisse ouvrait des voies avec style, je compris vite que mon plaisir serait ailleurs, là, le cul posé dans l’herbe, occupé à humer l’air, à observer l’atmosphère. Je m’en allais ouvrir quelques allitérations, jouer des mains sur le papier plutôt sur le rocher.
A l’un la varappe, à l’autre le rap. Et pourquoi pas après tout ?
Laissons nous prendre au jeu…
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